Julie Moffet, coordonnatrice, conseillère principale équipe Innovation pédagogique,
Fondation Monique-Fitz-Back
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Catherine Simard, professeure en didactique des sciences et technologies, Université du Québec à Rimouski, Lucia Savard, enseignante du primaire et professionnelle de recherche, Université du Québec à Rimouski, Mélanie Cantin, coordonnatrice des communications, Technoscience Est-du-Québec et Dominique Savard, directrice générale, Technoscience Est-du-Québec
Alexis Legault, étudiant à la maitrise, Kara Edward, étudiante au doctorat et Adolfo Agundez Rodriguez, professeur, Université de Sherbrooke
Audrey Groleau, professeure de didactique des sciences et de la technologie, Université du Québec à Trois-Rivières, Irvings Julien, stagiaire postdoctoral, Université du Québec à Trois-Rivières et Marco Barroca-Paccard, professeur de didactique des sciences de la nature, de la biologie et de la durabilité, Haute école pédagogique de Vaud (Suisse)
Isabelle Arseneau, doctorante, Université Laval, Audrey Groleau, professeure, Université du Québec à Trois-Rivières et Chantal Pouliot, Professeure, Université Laval
Maia Morel, professeure agrégée, Université de Sherbrooke et Elizabeth Fafard, étudiante à la maitrise, Université de Sherbrooke
Est-il possible de faire de l’éducation aux changements climatiques à tous les niveaux, et ce, dès le préscolaire? Quelles sont les approches à privilégier, les pièges à éviter? Alors que la crise climatique fait régulièrement la manchette, de nombreuses personnes enseignantes, parents et jeunes souhaitent voir cet enjeu s’inscrire de manière plus officielle dans le parcours scolaire. Mais comment? La Fondation Monique-Fitz-Back, qui agit pour développer la conscience environnementale et sociale des jeunes du Québec, mène depuis plusieurs années des projets d’éducation et de mobilisation sur l’enjeu des changements climatiques. Forte de mon expérience développée au sein de l’équipe, je vous propose dans cet article ma réflexion et des pistes de solution quant à l’éducation aux changements climatiques en milieu scolaire.
Pourquoi l’éducation aux changements climatiques (ECC)? Selon l’UNESCO (2023), « l’ECC est cruciale pour promouvoir l’action climatique. Elle aide les gens à mieux comprendre et gérer les impacts de la crise climatique, en leur donnant les connaissances, les compétences, les valeurs et les attitudes nécessaires pour agir en tant qu’agents du changement ».
Tout comme l’éducation à l’environnement, le but de l’ECC n’est pas de simplement vulgariser des informations scientifiques et de les faire mémoriser aux jeunes, le temps d’une évaluation. Bien que l’ECC cherche à transmettre des savoirs spécifiques au phénomène des changements climatiques et à ses impacts, elle s’inscrit dans une démarche plus large d’éducation à l’environnement et d’éducation à l’écocitoyenneté à travers laquelle les jeunes développent leur conscience environnementale et sociale, leur compréhension de l’interdépendance du vivant et leur pouvoir d’agir.
Le développement d’une relation avec la nature – et donc d’une connaissance, d’une empathie, d’un sentiment de familiarité envers celle-ci – doit être au cœur de la démarche d’éducation aux changements climatiques. Plusieurs recherches indiquent que lorsque les jeunes ne connaissent pas la nature et ont peu de contact avec celle-ci, ces derniers sont moins portés à adopter des comportements pro-environnementaux (Zylstra et al., 2014; Beery et Wolf-Watz, 2014). Or, cultiver une relation avec la nature et des comportements respectueux de l’environnement sont des objectifs clés de l’éducation à l’environnement (Otto et Pensini, 2017).
Parce que les changements climatiques entrainent des conséquences humaines importantes, le développement d’une conscience sociale me parait essentiel et contribue à une meilleure compréhension de l’interconnexion des enjeux sociaux et environnementaux. Par exemple, nous savons que les changements climatiques exacerbent les inégalités sociales (pensons à l’amplification de l’effet thermique des ilots de chaleur, généralement plus présents dans les milieux défavorisés). Mais, qu’entendons-nous plus précisément par l’expression « justice climatique »? Quels enjeux environnementaux et sociaux pouvons-nous observer dans nos milieux de proximité? Y a-t-il des liens entre eux?
Les enjeux socioenvironnementaux actuels peuvent sembler très complexes et vagues pour les enfants. C’est pourquoi il est souhaitable d’envisager l’ECC comme une progression à travers laquelle les jeunes acquièrent peu à peu les valeurs, les attitudes, les savoirs et les comportements nécessaires pour devenir des citoyennes et des citoyens conscients et engagés. Bref, des acteurs de changement!
L’image 1 montre comment cette progression pourrait être envisagée de la petite enfance jusqu’à la fin du secondaire.
En ce sens, l’équipe du projet « Enseigner dehors » de la Fondation propose quatre clés à intégrer en éducation à l’environnement pour le développement du pouvoir d’agir chez les jeunes, à chacun des niveaux (image 2) : ancrer les apprentissages dans le milieu, être à l’écoute, donner une voix aux jeunes, offrir des choix et adopter une posture de personne coapprenante. Selon nous, ces éléments favorisent une éducation positive, engageante et stimulante, tout en soutenant les jeunes dans leur développement global (dimension affective, sociale, morale, cognitive, langagière, physique et motrice).
La petite enfance et le préscolaire constituent la fondation : soit le meilleur moment pour favoriser la connexion émotionnelle avec la nature chez l’individu (Ives et al., 2018). Les sens des jeunes sont en éveil et l’émerveillement est naturellement présent. Il m’apparait donc nécessaire de prioriser à ce niveau le contact régulier avec la nature et le milieu en toutes saisons, ainsi que le développement de la curiosité, de l’imagination, de l’émerveillement et de l’empathie. Nous posons alors les bases de la conscience de soi, des autres et de la nature (images 3 et 4).
Voici quelques pistes pédagogiques reconnues pour les 4 à 5 ans :
Le primaire est l’occasion d’amener les élèves à approfondir leurs connaissances sur leur environnement (faune, flore, histoire, communauté, savoirs locaux, culture, etc.). Les jeunes peuvent être guidés pour découvrir les enjeux locaux et des ressources variées (p. ex. : bibliothèque, associations, clubs, parcs municipaux, etc.) et mieux saisir l’interdépendance du vivant. En utilisant le milieu et la réalité des jeunes comme point de départ, plusieurs observations et questions peuvent émerger. En s’appuyant sur leur curiosité naturelle, le personnel enseignant et scolaire peut, petit à petit, initier les jeunes à plusieurs notions scientifiques sur les changements climatiques. Par exemple, pourquoi l’oiseau a-t-il choisi de faire son nid ici, selon toi? De quoi a-t-il besoin (besoins du vivant, impacts des actions de l’humain sur son environnement)? D’où proviennent ces déchets que l’on retrouve dans le ruisseau? Devrions-nous les ramasser selon toi, et pourquoi (cycle de vie des matériaux, transport, gestion des matières résiduelles, impact de l’humain sur son environnement, etc.)? Comment fait cette automobile pour avancer? Selon toi, quelle énergie utilise-t-elle (énergies fossiles et renouvelables)?
Chaque année peut se prêter à la mise en place d’un projet à impact positif pour le milieu, même à petite échelle, et ce, afin de leur permettre de développer leur pouvoir d’agir. Par exemple, planter des espèces mellifères, inaugurer un croque-livre devant l’école ou créer une capsule vidéo expliquant comment créer des jouets à partir de matières recyclables ou d’éléments naturels. Encore mieux? Demander aux élèves ce qu’ils aimeraient faire.
Voici quelques pistes pédagogiques pour le niveau primaire :
Au secondaire, les différentes disciplines permettent d’amener les élèves à découvrir et à s’interroger sur leur milieu selon différentes perspectives (historique, culturelle, géographique, sociale, écologique, etc.). Voir le monde à travers ces différentes lunettes amène les jeunes à mieux comprendre l’interconnexion des enjeux (p. ex. : humains et environnementaux) et les nombreux moyens d’action possibles (individuels, collectifs, politiques, technologiques, artistiques, etc.). Ils et elles apprennent à s’exprimer sur des enjeux socioenvironnementaux globaux et à proposer des solutions locales. Suivre l’actualité locale et internationale peut offrir des opportunités stimulantes pour lire, écrire, compter, créer, analyser, etc. On pourrait, par exemple, résoudre un problème en mathématique sur les dégâts causés par une inondation récente. Il est également souhaitable d’amener les élèves à développer leur pensée critique sur ce qu’ils et elles entendent et observent dans les médias. Chaque discipline peut se prêter à des réflexions intéressantes. Par exemple, en mathématiques, on peut regarder une vidéo Instagram et s’interroger sur la validité des chiffres avancés (p. ex. : nombre d’hectares de forêt brulés). En langues, on peut vérifier si la photo partagée dans cette chronique a une source.
Toujours dans l’optique de contribuer à développer leur pouvoir d’agir et de répondre aux besoins d’expression de soi et de liberté des jeunes, je crois qu’il est nécessaire de leur offrir des opportunités variées de s’exprimer et de se mobiliser autant dans le cadre scolaire que dans le cadre parascolaire. À ce niveau, la communauté (p. ex. : organisations, municipalité) peut certainement être mise à contribution.
Voici quelques pistes pédagogiques :
Dans une perspective d’éducation ancrée dans le milieu, on rappelle souvent que les jeunes peuvent aussi devenir une ressource pour leur communauté, lorsqu’on leur en donne l’opportunité!
Enquête « Le pouvoir agir des personnes enseignantes en éducation en contexte de changements climatiques »
Une enquête intitulée « Le pouvoir agir des personnes enseignantes en éducation en contexte de changements climatiques », menée par Émilie Morin et Julie-Maude Lebel de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), en partenariat avec la Fondation Monique-Fitz-Back, a relevé plusieurs idées intéressantes pour faciliter l’éducation aux changements climatiques en milieu scolaire. Parmi celles-ci, nommons la bonification de la formation initiale, l’offre de formations continues mieux adaptées aux besoins et contraintes de chacun et chacune, le soutien à l’intégration de l’éducation aux changements climatiques dans toutes les matières, le soutien et la collaboration entre les personnes enseignantes et l’accès plus facile à des ressources et à des personnes-ressources spécialisées en environnement. Ce rapport nous informe aussi sur le sentiment de pouvoir agir des personnes enseignantes face aux changements climatiques ainsi que sur la nécessité d’une plus grande reconnaissance de leur travail pour développer ce sentiment.
Les notions de droits et de responsabilités et le sentiment d’appartenance aux divers cercles sociaux des jeunes (amis, famille, quartier, ville, etc.) sont des thèmes pouvant s’intégrer à tous les niveaux.
En grandissant, les jeunes développent une meilleure compréhension du temps (hier, demain, il y a 10 ans, dans100 ans) et des distances (ton quartier, ton pays, le Grand Nord, le continent africain, la Terre, etc.) Leurs cercles d’appartenance s’élargissent ainsi peu à peu (moi, ma famille, mes amis, mon école, mon territoire, ma province, mon pays, ma planète).
Pour contribuer à sa communauté, encore faut-il se savoir vu, entendu et inclus : sentir que l’on a sa place et un rôle à y jouer. Comment les jeunes se sentent-ils au sein de leur communauté? Quelle place aimeraient-ils y avoir? Ces questions peuvent être discutées à tous les niveaux et en élargissant, graduellement, les cercles d’appartenance : soi-même, famille et amis au préscolaire, quartier, ville et province au niveau primaire, pays, continent et planète au niveau secondaire. En élargissant peu à peu ces cercles, nous pouvons aussi explorer les concepts de droits et de responsabilités. Ces réflexions contribuent grandement à développer leur identité, leur sentiment d’appartenance et leur vision du monde. Pourquoi ne pas les communiquer à travers des projets littéraires (p. ex. un texte d’opinion ou de réflexion), artistiques (p. ex. un collage, un croquis) ou encore technologiques (p. ex. un montage vidéo)?
L’éducation aux changements climatiques est beaucoup plus que simplement le fait de répartir une série de savoirs sur différents niveaux du programme scolaire québécois. Prévoir une liste de connaissances à transmettre et les séparer dans des cases (disciplines, niveaux, etc.) comporte plusieurs avantages (les notions seraient vues par l’ensemble des élèves) et est particulièrement adapté à la structure actuelle de l’école. Cependant, elle comporte deux inconvénients à considérer.
Le premier : la transmission de connaissances sur les changements climatiques, sans l’occasion de pouvoir s’exprimer et agir, pourrait développer l’écoanxiété des jeunes. Le second : de nouveaux savoirs à transmettre et à évaluer augmenteraient la lourdeur de la tâche des personnes enseignantes. Cela limiterait encore plus le temps que ces dernières pourraient consacrer à la pédagogie émergente (partir des sujets, des idées ou des questions des jeunes), à la pédagogie par l’enquête (choisir une question suscitant l’intérêt des élèves et tenter d’y répondre à travers diverses recherches et expériences) ou encore à la pédagogie par projet (susciter l’engagement des élèves par un projet mobilisateur permettant de voir, de mettre en pratique ou de consolider divers apprentissages). Ces pédagogies demandent du temps et supposent d’entretenir une confiance envers les capacités des jeunes et leur curiosité naturelle. Elles touchent cependant les enjeux environnementaux et sociaux de manière continue et transversale, en les intégrant comme thèmes ou sujets d’étude à travers les disciplines. Ces pédagogies permettent également de mettre en pratique les quatre clés pour l’éducation à l’environnement et le développement du pouvoir d’agir chez les jeunes (image 2).
Je crois fortement qu’il est important et nécessaire, pour une éducation aux changements climatiques réussie, de cultiver tôt, et à tous les niveaux, la curiosité, l’émerveillement, l’empathie et la gratitude. Il est également important d’offrir une voix aux jeunes et des occasions d’agir. Ancrer les apprentissages dans le milieu et miser sur des pédagogies permettant aux jeunes de s’exprimer et d’agir feraient une grande différence, à la fois pour les jeunes et pour les milieux, qui bénéficieraient de leur engagement.
En adoptant une posture de coapprenant et en se montrant à l’écoute des questionnements, des préoccupations et des idées des jeunes, il devient possible d’intégrer plusieurs savoirs nécessaires au moment opportun.
Par exemple, enseigner des notions liées à l’eau, à ses caractéristiques, à son rôle, comme à ses enjeux, ne peut pas se faire de la même façon dans tous les milieux, tout simplement parce que les jeunes n’ont pas tous et toutes la même relation à l’eau. Dans certains milieux, l’eau est abondante, dans d’autres, elle l’est peu. Dans certains milieux, l’eau est très polluée et dans d’autres, elle l’est moins. C’est pourquoi l’éducation aux changements climatiques revêt un aspect culturel important. Ancrer les apprentissages dans le milieu permet de les connecter à la culture du milieu (les lieux, les enjeux, les savoirs, les traditions, les attitudes, etc.). Les situations concrètes et porteuses de sens interpellent particulièrement les élèves. La Fondation Monique-Fitz-Back travaille notamment à accompagner les personnes enseignantes à adopter des postures et des stratégies favorisant le développement de la conscience environnementale et sociale. Il existe plusieurs ressources et formations pouvant les appuyer. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire, notamment sur le plan de la concertation, afin de développer une vision s’intégrant dans un continuum éducatif.
À quoi mesurerons-nous le succès d’une stratégie d’éducation aux changements climatiques? Uniquement par une note sur un bulletin? La question est simple, mais importante. Car la façon dont nous évaluerons nos succès reflètera notre vision de l’ECC. Pour notre propre santé, celle de nos jeunes et des futures générations et pour celle de la planète, la réflexion en vaut certainement la chandelle… ou la piqure de moustique.
Sors de ta bulle : campagne de mobilisation des 12 à 17 ans sur les changements climatiques, qui inclut annuellement un sommet jeunesse, un Conseil national des jeunes ministres de l’environnement, un Laboratoire des jeunes journalistes en environnement et une campagne d’éducation et de mobilisation sur les réseaux sociaux et dans les écoles secondaires. Un site Web dédié à l’éducation aux changements climatiques est en cours de création.
Gère tes matières : projet d’accompagnement des équipes-écoles et de journées d’engagement des jeunes sur la saine gestion des matières résiduelles. En collaboration avec Québec'ERE.
Jeunesse ACTES : projet visant à diffuser les valeurs d’écologie, de solidarité, de pacifisme et de démocratie en développant des comités jeunesse dans les établissements du Mouvement ACTES et en reconnaissant les actions et les implications des jeunes.
Alliance pour l’engagement jeunesse : regroupement de quatre organisations partageant les valeurs d’écologie, de solidarité, de pacifisme et de démocratie, ayant pour but de soutenir et de stimuler l’engagement des jeunes de 12 à 17 ans. L’Alliance organise annuellement des Journées On s’engage, ainsi que le tournage de la websérie Les Rhinos.
Enseigner dehors : inspirer et outiller les personnes enseignantes du préscolaire, du primaire et du secondaire à faire la classe dehors. Des ateliers, des ressources, des communautés de pratique, un site Web et plus encore.
Vivre ensemble à l’école : un site Web offrant une banque de ressources et une offre d’ateliers et de formations pour aborder au primaire-secondaire la diversité culturelle, la lutte au racisme et la déconstruction des préjugés.
Programme d’aide financière : plusieurs volets pour soutenir les projets jeunesse développés dans les établissements membres du mouvement ACTES-CSQ.
Beery T. et Wolf-Watz D. (2014) Nature to place rethinking the environmental connectedness perspective. Journal of Environmental Psychology, 40, 198-205. https://doi.org/10.1016/j.jenvp.2014.06.006
Climatoscope. (2023). Les changements climatiques comme inégalités sociales de santé : le cas des milieux urbains au Québec. https://climatoscope.ca/article/les-changements-climatiques-comme-inegalites-sociales-de-sante-le-cas-des-milieux-urbains-au-quebec/
Ives, C. D., Abson, D. J., von Wehrden, H., Dorninger, C., Klaniecki, K. et Fischer, J. (2018). Reconnecting with nature for sustainability. Sustainability Science, 13, 1389-1397. https://doi.org/10.1007/s11625-018-0542-9
Otto, S. et Pensini, P. (2017). Nature-based environmental education of children: Environmental knowledge and connectedness to nature, together, are related to ecological behaviour. Global Environmental Change, 47, 88-94. https://doi.org/10.1016/j.gloenvcha.2017.09.009
UNESCO. (2023). Éducation aux changements climatiques. https://www.unesco.org/fr/climate-change/education
Zylstra, M.J., Knight, A.T., Esler, K. J. et al. (2014). Connectedness as a core conservation concern: An interdisciplinary review of theory and a call for practice. Springer Science Reviews, 2, 119-14. https://doi.org/10.1007/s40362-014-0021-3