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15 avril 2024
Elisabeth Guérard, AESTQ
Kassandra L’Heureux, étudiante au doctorat, Université de Sherbrooke et Valérie Vinuesa, professionnelle de recherche Chaire de recherche pour l’éducation en plein air, Université de Sherbrooke
Catherine Simard, professeure en didactique des sciences et technologies, Université du Québec à Rimouski, Lucia Savard, enseignante du primaire et professionnelle de recherche, Université du Québec à Rimouski, Mélanie Cantin, coordonnatrice des communications, Technoscience Est-du-Québec et Dominique Savard, directrice générale, Technoscience Est-du-Québec
Audrey Groleau, professeure de didactique des sciences et de la technologie, Université du Québec à Trois-Rivières, Irvings Julien, stagiaire postdoctoral, Université du Québec à Trois-Rivières et Marco Barroca-Paccard, professeur de didactique des sciences de la nature, de la biologie et de la durabilité, Haute école pédagogique de Vaud (Suisse)
Camille Binggeli, Université du Québec à Trois-Rivières
Notre lauréate du prix Gaston-St-Jacques 2023, Sonia Bonin, est une technicienne en travaux pratiques dévouée du Collège Esther-Blondin depuis plus de 22 ans. Avant de se consacrer à sa carrière en éducation, elle a acquis plusieurs années d'expérience en tant que technologiste en microbiologie alimentaire et des eaux, ainsi que dans le domaine hospitalier. Toutefois, c'est dans le milieu scolaire que Sonia Bonin brille et propage sa passion pour la science.
Détentrice d'un diplôme d'études collégiales en techniques de laboratoire médical et d'une attestation d'études de premier cycle en biologie de la santé, notre lauréate nourrit une passion ardente pour la biologie. Cette passion, elle l'a apportée au Collège Esther-Blondin, où son prédécesseur privilégiait la chimie. Préférant la pratique à la théorie, elle s'est orientée vers des études collégiales, cherchant l'interaction directe avec la matière plutôt que la rédaction de rapports. Elle ne cesse d'approfondir ses connaissances en participant activement aux formations proposées par l'Association pour l’enseignement de la science et de la technologie au Québec (AESTQ). En 2021, elle a notamment assisté à des sessions portant sur la lutte contre la désinformation, un enjeu crucial pendant la pandémie, où la surabondance d'informations contradictoires était omniprésente.
Sonia Bonin s'est particulièrement distinguée pendant la pandémie en créant des vidéos présentant des laboratoires virtuels pour les élèves, garantissant ainsi la continuité de leur parcours académique. Elle s’inquiétait du sort de ses élèves, qui n’avaient pas eu accès à des laboratoires pourtant importants pour leur cheminement. N’ayant jamais créé de vidéo auparavant, Sonia s’arme de courage et regarde une panoplie de tutoriels afin de réussir à créer des capsules intéressantes. Dans ces enregistrements, les élèves ont la possibilité d’effectuer des lectures comme s’ils utilisaient eux-mêmes le matériel de laboratoire. Pendant les fermetures d'école, elle a apporté son aide au département de pharmacie de l'hôpital de Joliette, en assurant la décontamination du matériel médical. Elle a également participé activement à des discussions et à des communautés de partage avec ses collègues techniciens et techniciennes en travaux pratiques (TTP) pour aborder la question de la COVID-19.
En tant que membre engagée de l'AESTQ, Sonia soutient activement notre association. Elle anime régulièrement des ateliers lors du colloque des TTP, en plus de contribuer bénévolement. De plus, elle a participé activement aux formations en ligne « Trucs de TTP », où elle a partagé des projets, des ressources, mais surtout son expertise lors de rencontres virtuelles mensuelles. Elle considère l'AESTQ comme un point d'ancrage, citant à plusieurs reprises lors de notre échange des idées, du matériel ou des contacts issus de notre congrès annuel. C'est d'ailleurs lors de l'un de ces congrès qu'elle a rencontré son mentor, Gaston St-Jacques, alors qu’elle est en tout début de carrière et qu’elle songe à retourner en milieu hospitalier. Son mentor lui offrira un soutien inestimable, même à distance, qui l’encouragera à persévérer en milieu scolaire.
Notre lauréate tient à souligner les défis rencontrés par les TTP dans nos écoles, notamment l'absence de formation dédiée et le besoin d'accompagnement pour les novices. Elle insiste sur l'importance des communautés de partage pour soutenir ceux qui se sentent isolés et en quête de solutions. Déterminée, elle envisage de mettre en avant ces échanges lors de la prochaine Journée de formation des TTP, favorisant ainsi la transmission des savoirs entre générations de techniciens.
Au sein de son établissement scolaire, Sonia Bonin est impliquée dans divers projets. Elle se porte volontaire dès qu'une opportunité se présente, que ce soit pour élaborer des plans de rénovation de l'aile scientifique, créer un club scientifique ou organiser la finale Expo-sciences. À l’heure du diner, elle organise une activité parascolaire, la Police scientifique du CEB, qui combine science et enquête criminelle, captivant les étudiants de tous niveaux. Cette initiative remporte un tel succès que les élèves choisissent même de passer leurs journées pédagogiques en sa compagnie.
Exposée aux problèmes cardiaques de plusieurs membres de sa famille, elle est très conscientisée des enjeux de santé. Elle a donc pris l'initiative d'acquérir des défibrillateurs externes automatisés (DEA) pour chaque pavillon de son établissement, sachant que des milliers de personnes font face à des arrêts cardiaques soudains chaque année au Québec. Elle veille également à l'entretien de ces DEA et les a enregistrés sur la plateforme DEA - Québec. Elle a également été une première répondante interne pendant 20 ans, mais ne s’arrête pas là. Elle a élaboré une formation de secours pour tous les élèves de troisième secondaire, incluant l'utilisation des DEA, ainsi que des techniques telles que le RCR et la manœuvre de Heimlich pour dégager les voies respiratoires. Cette formation de 75 minutes, qu’elle offre parfois avec l’aide de sa fille infirmière, est selon elle son plus bel accomplissement. Elle affirme n’avoir à y faire aucune discipline auprès des élèves, qui apprécient pleinement cette opportunité d’acquérir des compétences susceptibles de sauver une vie.
Sonia Bonin recpnnait l'impact potentiel de nos pratiques en laboratoire sur l'environnement. Ainsi, en tant que technicienne en travaux pratiques, elle a adapté des expériences pour réduire l'utilisation de polluants, de déchets chimiques et biomédicaux. Elle travaille activement à mettre en œuvre le projet MON ÉCOLABO, une initiative de l'Université de Montréal visant à réduire l'empreinte environnementale des laboratoires d'enseignement. Cette initiative promeut des pratiques durables telles que la réduction et le recyclage des déchets plastiques, l'approvisionnement durable et la réduction de la consommation d'énergie, et le Collège Esther-Blondin est sur la voie de recevoir cette attestation.
Toujours à l'affût des nouvelles technologies, Sonia Bonin intègre des appareils numériques et la technologie Bluetooth dans les laboratoires, prenant également en charge la formation des enseignants concernés. Elle prépare ainsi adéquatement les élèves à utiliser des technologies plus avancées une fois au cégep et à l’université.
La détermination sans failles de Sonia Bonin dans ses fonctions au sein de son institution éducative, dans sa communauté et au sein de l'AESTQ, constitue une source d'inspiration tant pour ses pairs que pour les élèves qu’elle rencontre. Elle se donne corps et âme pour éveiller une passion pour les sciences chez ses étudiants, marquant de façon durable le paysage éducatif québécois. En outre, Sonia est une fervente partisane de la participation féminine dans les sphères scientifiques, s'efforçant de démontrer que les sciences sont non seulement accessibles, mais également passionnantes et divertissantes pour tous.